au fil de l'eau article intégral

Publié le par isabelle morel

Au fil de l’eau   pour le limonard n° 6  nov 2009


 l' article intégral  qui suit  a été "édulcoré"  par la commision communication du conseil municipal  avant sa parution dans le limonard


La présence d’eau potable étant depuis toujours un préalable indispensable à l’installation des hommes, les trois sources jamais taries de la « course » favorisèrent l’établissement  de l’Abbaye et du village de Sablonceaux.

La course traverse l’enceinte de l’Abbaye, se dirige vers le pont de Sablonceaux où se situe le premier moulin à eau du cours d’eau et le seul encore en état. Puis le Sablonceaux, part  vers Berthegille (ou le moulin a totalement disparu) traversant des terrains limoneux propices au maraichage. Enfin il passe à Maison neuve, à Montravail et rejoint le Mérard pour se jeter dans la Seudre après avoir traversé la zone humide patrimoniale de bel œillet.

Le sous sol de la commune de Sablonceaux, est constitué de terrains calcaires faillés datant de l’ère secondaire (Cénomanien et Turo-Coniacien)  qui abritent des nappes aquifères importantes. Celles-ci sont cependant classées vulnérables car elles sont très proches de la surface : d’où les sources situées à l’Abbaye et au niveau du lit de la course.

Selon la période de l’année, le niveau des nappes monte et vient alimenter le ruisseau, alors que lorsque le niveau des nappes diminue, c’est le ruisseau qui se vidange dans la nappe et voit son débit diminuer voire s’interrompre.

D’après la loi, le lit du ruisseau appartient aux propriétaires riverains (moitié-moitié), qui doivent en entretenir les rives. Par contre l’eau n’appartient à personne donc à tout le monde et il est d’ailleurs interdit de bloquer le cours d’eau.

Les anciens du village vous diront que le ruisseau fut à sec au niveau du Pont en 1863, en 1947, 1948 et 1949, mais cela restait occasionnel.  

En 1976, année très sèche,  le premier forage à usage agricole a été creusé à Berthegille à 150 m du cours d’eau et à une profondeur de 27m. Dans les années 1980, de nombreux agriculteurs, encouragés par les pouvoirs publics, dans le but d’augmenter les rendements, creusent leurs forages, de plus en plus profonds pour atteindre le niveau des nappes qui descend chaque année un peu plus : de 27 m, on passe à 50-60 m en 1982, et à 110m pour le dernier forage qui date de 1993 avec un débit de 120m3/Heure.( en une heure, autant d’eau que la consommation annuelle d’une famille de 4 personnes) (On est loin des puits d’autrefois  avec une profondeur de 10 m au plus et un débit lié à la vitesse de remontée des seaux !)

Enfin en 1993, une nouvelle loi très restrictive rend le creusement de nouveaux forages impossible.

Cependant, depuis 1990, le Sablonceaux est à sec tous les ans, et les sources de l’Abbaye se sont trouvées taries en 2003 pour la première fois. Comment éviter un tel  assèchement sur une période qui s’allonge de plus en plus ?

On peut  recenser les différents utilisateurs de l’eau de la course et des nappes associées :

Les habitants de la commune qui possèdent un puits séculaire maintenant régulièrement à sec l’été

les maraichers amateurs qui cultivent les mottes,                 

les pécheurs qui achètent une carte de pèche  40 € alors que le ruisseau est à sec 4 mois par an   

les ostréiculteurs dont l’apport en eau douce conditionne l’activité 

les agriculteurs qui se sont engagés et doivent maintenant pour toucher les primes qui leurs assurent un revenu, irriguer des cultures pas toujours adaptées au climat local.

Enfin, les amoureux de la nature qui se réjouissent du spectacle de l’eau courante d’un ruisseau.

 

Le constat d’une nette dégradation n’est plus à faire, il faut trouver des solutions.

Le bon sens nous dit qu’il ne faut pas prélever plus d’eau que la ressource ne le permet :

Le problème se pose l’été, car les pluies sont quasi inexistantes et les prélèvements très importants. Comment ne plus assister impuissants à l’agonie des poissons pris au piège de flaques du ruisseau, à la ruine d’un écosystème et d’une biodiversité ? Comment  espérer le retour des nids de martins-pécheurs aujourd’hui disparus ? Comment ne pas condamner la population de cistude du Sablonceaux ? Comment ne pas mettre à sec des puits familiaux dont l’eau est utilisée pour arroser les jardins ? Enfin, comment éviter avant qu’il ne soit trop tard que l’eau de mer ne vienne prendre la place de l’eau douce dans le sous sol calcaire comme s’en inquiètent déjà les scientifiques ? (c’est déjà le cas dans certains forages à St Just et à l’Eguille, et cela est irréversible)

La réponse semble venir de l’agriculture (80% des prélèvements d’eau entre Avril et octobre dans le bassin de la Seudre sont destinés à l’irrigation)

Le climat de la Saintonge est propice aux cultures d’hiver qui n’ont plus besoin d’eau en période estivale, car la récolte a eu lieu,  pourtant la culture du maïs (plante tropicale ,grosse consommatrice d’eau si on souhaite des rendements supérieurs) est toujours aussi présente.

Des quotas d’eau ont été établis à partir des volumes utilisés et déclarés par les agriculteurs entre  2000 et 2004. Le volume moyen calculé sur ces 4 années  majoré de 15% à donné  le volume de référence. En 2009, les volumes ont été diminués de 16 ,44% par rapport à ce volume de référence soit 3,9 % par rapport à la moyenne 2000 2004. Ces chiffres s’entendent sans les arrêtés préfectoraux en cours de campagne.

Mais le paysage du ruisseau à sec montre que cette limitation est nettement insuffisante et que les arrêtés préfectoraux interviennent chaque année beaucoup trop tard. (Est-ce dans le but de provoquer des polémiques et du mécontentement ?)

Afin de permettre aux agriculteurs de vivre de leur travail tout en préservant la ressource  en eau, une solution passe peut être par :

 une autre pratique culturale, basée sur d’autre espèces mieux adaptées :les cultures d’hiver,  le sorgho dont la rentabilité est  au moins équivalente à celle du maïs et nécessite le tiers d’eau,, la luzerne, le tournesol,  l’orge de brasserie ,etc…)

 sur une modification des calculs des primes à l’irrigation (actuellement les primes PAC sont plus élevées sur des cultures irriguées que sur des cultures sèches).

une irrigation plus raisonnée qui éviterait les heures chaudes de la journée et  supprimerait les captages trop proches du cours d’eau.(l’un des forages est situé à 10 mètres du lit du ruisseau, et si en amont il y a presque toujours de l’eau, en aval le Sablonceaux est à sec) 

Les idées ne manquent pas, c’est la volonté de les mettre en place par les principaux acteurs concernés (agriculteurs, chambres d’agriculture, et  pouvoirs publics) qui fait défaut.

A Exsoudun, en Deux Sèvres, le maire de la commune a déposé une plainte contre X  le 7 Aout 2009 pour dénoncer l’assèchement anormal de la Sèvre Niortaise dont « le niveau anormalement bas ne peut être seulement provoqué par la température de l’été ».

Si les plaintes suivent leur cours et se multiplient, les hautes sphères qui nous gouvernent feront peut être preuve d’un peu de bon sens, et ne verront pas dans l’assèchement des ruisseaux de la région de plus en plus fréquent sur des périodes de plus en plus longues qu’une fatalité liée au réchauffement climatique contre laquelle on ne peut lutter.

 

Isabelle Morel

 

Sources :

Expertise hydrogéologique de l’étude du BRGM concernant le bassin de la Seudre

BRGM réseau hydrogéologique et forages de la commune de Sablonceaux

BRGM  évaluation du potentiel d’exploitation de la ressource en eau en Poitou -Charente

Etude comparée de la marge brute  cultures irriguées de maïs et de sorgho en 2009

Préfecture de la Charente maritime DDAF  service de la gestion des espaces des milieux et de l’environnement 

Code rural

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B
<br /> Bravo Isabelle,<br /> Briser l'omerta avec des propos cohérents qui eux mêmes s'appuient sur des données vérifiées et vérifiables, loin des intuitions, des sensations, des raccourcis et surtout des mensonges qui sont<br /> véhiculer pour des lobbies qui n'y trouvent que leurs propres intérêts, surtout financiers d'ailleurs, piétinant ainsi les paysans qui disparaissent ou deviennent des agriculteurs manipulés.<br /> Lobbies qui menacent la biodiversité, les équilibres, les ressources, et l'eau en particulier, et surtout la santé humaine, tout ça sur fond de crise économique, de réchauffement climatique, de<br /> faim dans le monde et de grenelle de l'environnement! Il y un fossé entre l'urgence et la volonté politique, entre l'action et les effets d'annonce! Merci d'attirer l'attention du plus grand nombre<br /> à l'échelle de notre modeste commune.<br /> Benoît<br /> <br /> <br />
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